Principales politiques nationales

Dernière modification: 14 décembre 2022

La Tunisie avait soumis sa contribution prévue déterminée au niveau national (CPDN) à la Conférence des Parties de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements climatiques (CCNUCC) le 16 septembre 2015. 

Dans sa contribution, la Tunisie se propose de réduire ses émissions de gaz à effet de serre dans tous les secteurs (énergie, procédés industriels, agriculture, forêt et autres utilisations des terres, et déchets) de manière à baisser son intensité carbone de 41% en 2030 par rapport à l’année de base 2010.

La contribution inconditionnelle de la Tunisie correspond à une baisse de l’intensité carbone de 13% par rapport à celle de l’année de base 2010, soit environ 1/3 de l’objectif global. La contribution conditionnelle permet une baisse additionnelle de 28% de l’intensité carbone par rapport à l’année de base 2010.

Trajectoire de la contribution conditionnelle et inconditionnelle de la Tunisie sur la période 2015-2030

En ce qui concerne l’adaptation, la Tunisie reste très vulnérable au réchauffement climatique attendu dans la région et ses implications en termes de fortes hausses des températures, de baisse des précipitations et d’augmentation de niveau de la mer. Les impacts socio-économiques et environnementaux toucheront notamment les ressources en eau, l’agriculture, les écosystèmes naturels et artificiels, le littoral, la santé et le tourisme.

Les coûts incrémentaux des mesures indispensables pour l’adaptation de ces secteurs et domaines s’élèveraient à environ 2 milliards de dollars et devraient être supportés totalement par la communauté internationale dans le cadre de la lutte mondiale contre les changements climatiques.

Mesures d’adaptation aux changements climatiques prioritaires prévues par la Tunisie (CDN, 2015)

Les ressources en eauLes mesures d’adaptation des ressources en eau proposées consistent essentiellement à la mise en place de projets de transfert et de réutilisation des eaux usées traitées et le renforcement et la sécurisation de l’alimentation en eau des grands centres urbains, notamment le Grand Tunis, le Cap-bon, le Sahel et Sfax.
Le littoralLes projets prévus portent essentiellement sur la réhabilitation et la lutte contre l’érosion côtière, le réaménagement et délocalisation des zones industrielles côtière, la réhabilitation et protection des infrastructures existantes contre les risques d’impacts climatiques et l’implantation des fermes et infrastructures aquacoles.
L’agricultureLes actions prévues sont essentiellement des mesures de renforcement de capacités et de renforcement institutionnel:
-          Adaptation des cultures irriguées dans les régions du Centre,
-          Adaptation des systèmes de production de polyculture-élevage aux changements climatiques dans les régions vulnérables,
-          Mise à jour de la carte agricole en tenant compte des impacts des changements climatiques,
-          Mise en place d’un système de veille climatique et d’alerte précoce et d’un mécanisme d’assurance contre les aléas climatiques dus aux changements climatiques,
-          Conservation et valorisation du patrimoine génétique local pour l’adaptation des cultures aux changements climatiques et le développement de systèmes innovants de grandes cultures.
Les écosystèmesLes mesures d’adaptation des écosystèmes prévues sont multiples, mais on peut les résumer comme suit : 
-          Réhabilitation des pépinières forestières et développement des espèces autochtones et à usages multiples,
-          Gestion intégrée des forêts de chêne liège dans les zones à haut risque d’incendie dans le Nord-ouest,
-          Aménagement des parcours et des nappes alfatières dégradées dans les régions Centre et Sud,
-          Conservation des fonctions écologiques des zones basses du littoral,
-          Aménagement rural intégré des bassins et sous-bassins versants vulnérables, et régulation des inondations,
-          Consolidation biologique des ouvrages de lutte contre l’ensablement dans le Sud tunisien et appui à la mise en œuvre des plans d’actions régionaux de lutte contre la désertification.
Le tourismeLes principales mesures prévues dans le domaine du tourisme se résument essentiellement à :
-          Réhabilitation du littoral touristique tunisien et protection des zones touristiques contre l’avancée de la mer,
-          Définition de régions climato-touristiques et adaptation de la répartition de circuits écotouristiques,
-          Développement d’une offre à la fois alternative et complémentaire au tourisme balnéaire, en particulier sur les thématiques de santé, culture, sport et écologie.
-          Lancement et promotion du concept de l’Hôtel Ecologique,
-          Optimisation de la gestion des ressources en eau par le secteur touristique et réalisation de mini-stations de dessalement de l’eau de mer utilisant les énergies renouvelables.
La santéIl s’agit, là aussi, essentiellement de mesures de renforcement de capacités et d’appui institutionnel :
-          Evaluation des risques et prévention de l’augmentation des pathologies respiratoires liées aux changements climatiques,
-          Mise en place d’un réseau d’épidémio-surveillance des principales maladies vectorielles,
-          Mise en œuvre et renforcement du réseau de surveillance entomologique et de lutte contre les moustiques et les phlébotomes,
-          Mise en place d’un programme d’adaptation du système de santé aux changements climatiques, et notamment de protection contre les maladies à transmission hydrique. Ce programme se fondera notamment sur une formation adaptée du personnel médicale,
Mise en place d’une stratégie de communication sur les risques sanitaires découlant des changements climatiques.

La Contribution Déterminée au niveau National de la Tunisie a été actualisée en Septembre 2021,

La CDN actualisée est totalement en ligne avec les priorités de développement économique et social de la Tunisie, notamment à travers :

  • Son alignement avec les Objectifs de Développement Durable (ODD) des Nations Unies, particulièrement les objectifs 1, 3, 6, 7, 8, 9, 11, 12, 13 et 17.
  • Les co-bénéfices significatifs qu’elle implique en termes de croissance économique, de création d’emplois et de lutte contre la pauvreté.
  • L’intégration des aspects relatifs au genre aux deux volets atténuation et adaptation.

En matière d’atténuation

La CDN actualisée rehausse les ambitions d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre de la Tunisie, à travers un relèvement de l’objectif de réduction de l’intensité carbone nationale à 45% à l’horizon 2030, par rapport à son niveau de 2010.

Cette révision à la hausse de l’ambition tunisienne est également bonifiée grâce à trois piliers essentiels :

  • Augmentation du périmètre de l’objectif (conformément aux préconisations de l’article 4.13 de l’Accord de Paris), qui inclut désormais exhaustivement, toutes les sources des émissions ;
  • Le scénario bas-carbone (BaC) va imposer une trajectoire descendante laissant derrière le pic des émissions nettes. La Tunisie sera donc parfaitement en phase avec la préconisation – pourtant optionnelle à court terme pour les pays en développement- de plafonnement des émissions (article 4.1 de l’Accord de Paris) ;
  • La trajectoire de fléchissement des émissions nettes se prolongera après 2030, mettant la Tunisie définitivement dans la rampe de lancement des objectifs à long terme poursuivis par l’Accord de Paris.
Trajectoire de l’intensité carbone selon la contribution conditionnelle et inconditionnelle
de la Tunisie sur la période 2010-2030

En matière d’adaptation

L’objectif général d’adaptation de la CDN actualisée est de « promouvoir une Tunisie résiliente aux changements climatiques, ayant significativement réduit les vulnérabilités et renforcé les capacités d’adaptation de ses écosystèmes, de sa population, de son économie, de ses territoires, et ayant résolument opéré les transformations nécessaires, à même d’assurer un modèle de développement socio-économique inclusif et durable ».

Pour atteindre cet objectif, la CDN actualisée repose sur une « Etoile de la résilience », conçue comme un cadre structurant pour accompagner les acteurs tunisiens et leurs partenaires techniques et financiers tant publics que privés.

Afin de renforcer sa résilience sous toutes ses composantes, à savoir la résilience alimentaire, hydrique, écologique, sociale, économique, territoriale, sanitaire et également, la résilience aux catastrophes naturelles, le volet adaptation de la CDN est fondée à la fois sur un changement de paradigme et sur une approche intersectorielle.

Le changement de paradigme repose sur une nouvelle façon d’agir dans un cadre d’action plus global et plus transversal de l’adaptation qui concerne tous les plans de la nation et de son développement.

Les actions sectorielles touchent les six secteurs les plus vulnérables que sont : les ressources en eau, l’agriculture, les écosystèmes, le littoral, la santé, et le tourisme en prenant en compte trois nouveaux domaines d’interventions transversaux à savoir : le genre, l’aménagement du territoire et la réduction des risques de catastrophes naturelles.  

La Tunisie a procédé, durant la période 2021-2022, à l’élaboration de sa stratégie pour un développement bas carbone et résiliente aux changements climatiques à l’horizon de 2050.

Cette stratégie est en ligne avec les dispositions et provisions de l’Article 4.19 de l’Accord de Paris sur le Climat, invitant toutes les parties à préparer et soumettre une stratégie nationale bas-carbone à long-terme (SNBC).

Cette stratégie comprend principalement :

La stratégie nationale bas-carbone

Visant la neutralité carbone nationale à l’horizon 2050, le scénario d’atténuation induit une décroissance franche et ininterrompue des émissions nationales nettes de GES.

Celles-ci passant donc de 35 MtéCO2 en 2020 à la valeur zéro en 2050. 

Pour parvenir à la neutralité 2050, la Tunisie accélère donc la cadence baissière de ses émissions de manière tranchante, déjà à partir de 2031 puis 2036, et surtout à partir de 2040 ; traduisant une véritable rupture avec le développement Business Aus Usual (BaU). 

Pour plus de détails veuillez consulter notre rubrique « Stratégie Bas – carbone »

Cadre de résilience pour la stratégie 2050

En conformité avec la CDN actualisée, la vision à long terme de la SNRCC est formulée de la manière suivante :

« Une Tunisie résiliente aux changements climatiques, ayant significativement réduit les vulnérabilités et renforcé les capacités d’adaptation de ses écosystèmes, de sa population, de son économie, de ses territoires, et opéré les transformations nécessaires à même d’assurer un modèle de développement socio-économique inclusif, équitable et durable (ci-après intitulé « Résilience 2050 »).

La Tunisie mettra en œuvre cette vision conformément aux priorités du Plan National d’Adaptation (PNA), de la CDN révisée et en cohérence avec la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC). La portée de la SNRCC englobe tous les secteurs et domaines d’interventions avec une attention particulière portée à l’eau, l’agriculture, les écosystèmes et ressources naturelles, l’aménagement du littoral, la santé et le tourisme, l’aménagement du territoire et les villes ainsi que les problématiques de genre.

Proposition d’une vision stratégique nationale de « Résilience 2050 » (les axes sectoriels sont présentés en bleu et les axes transversaux en orange).