Les Inventaires GES

Dernière modification: 31 mai 2022

Historique d’élaboration de l’inventaire national complet des GES en Tunisie

La Tunisie a réalisé cinq opérations complètes d’inventaire des émissions de GES :

  • Un inventaire des GES pour l’année 1994, dans le cadre de sa Communication nationale Initiale (1CN), publiée et soumise en 2001.
  • Un inventaire des GES pour l’année 2000 dans le cadre de sa deuxième Communication nationale (2CN), publiée et soumise en 2014.
  • Un inventaire des GES pour l’année 2010, dans le cadre de la préparation du premier rapport biennal (1BUR), soumis en décembre 2014.
  • Un inventaire des GES pour les années 2011 et 2012, dans le cadre de la préparation du second rapport biennal (2BUR), et de sa troisième Communication nationale (3CN).

Historique d’élaboration de l’inventaire partiel des GES en Tunisie

Durant les périodes intermédiaires, la Tunisie avait réalisé des séries successives d’inventaires des GES pour le secteur de l’énergie ainsi que pour les procédés industriels.

Les premières opérations d’inventaire dans le secteur de l’énergie, pris individuellement, avaient démarré à partir de l’année 2000, à l’initiative de l’Agence Nationale de Maîtrise de l’Energie (ANME), s’appuyant sur une équipe de travail, créée à cet effet, et regroupant des cadres de l’ANME et des acteurs du secteur de l’énergie.

Durant cette période, les inventaires de GES du secteur de l’énergie avaient pu être reconstitués pour les années 1997, puis 2000, d’abord, puis pout toute la période 1990-2000.  Enfin, l’inventaire GES de l’énergie avait été fait pour toute la période 1980-2006.  Ces derniers travaux ont été ensuite complétés successivement pour les années 2007-2008, puis 2009. 

Par la suite, l’inventaire des GES de l’énergie avait été couvert dans le cadre de la réalisation de l’inventaire national des GES de 2010, 2011 et 2012 mentionnés ci-dessus.

Le travail sur les inventaires dans le secteur de l’énergie est devenu régulier, sur une base annuelle, ce qui a permis d’établir tous les inventaires annuels dans le secteur de l’énergie couvrant toute la période 2013-2020.

En outre, une opération d’inventaire avait été aussi réalisée, par l’ANME, pour les procédés industriels, couvrant toute la période 2000-2009. 

On peut donc conclure qu’il existe une série historique de l’inventaire des GES pour l’énergie de 1980 à 2012, et pour les procédés de 2000 à 2012.

Ces séries historiques d’inventaires pour l’énergie et les procédés avaient permis de constituer des groupes de travail stables (surtout pour l’énergie) et d’instituer une dynamique permanente d’amélioration de la qualité des inventaires de GES. 

Cette approche de travail allait constituer le prélude à l’établissement d’un cadre plus formel d’inventaire, sur la base duquel ont été réalisés les derniers travaux complets d’inventaire de 2010, 2011 et 2012, et couvrant tous les secteurs.

Bilan des émissions

Le bilan des émissions brutes de GES directs s’établit, en 2012, à 46,6 millions de téCO2.

Synthèse des émissions brutes des GES directs en 2012 (ktéCO2)

 CO2CH4N2OHFCsSF6TOTAL
1 - Energie25172,31616,6234,227023
1 - A Combustion23857,8804,8229,724892
1 - B Fugitives1314,6811,94,42131
2 - Procédés industriels et utilisation des produits4810,2-278,7343,78,45441
3 - Agriculture, Forêt, et Autres Affectations des Terres4810,22636,21945,111150
4 - Déchets 17,02892,2109,23018
TOTAL36567,77145,02567,2343,78,446632

Le secteur de l’énergie est le plus grand contributeur aux émissions brutes de GES directs, avec 27 millions téCO2 ; soit environ 58% des émissions nationales brutes de l’année 2012. Plus des neuf-dixièmes des émissions imputables à l’énergie sont dues à la combustion.

Avec plus de 11 millions téCO2 ; soit environ 24% du bilan des émissions brutes, l’AFAT est le second contributeur aux émissions tunisiennes brutes, mais très loin derrière le secteur de l’énergie. Viennent ensuite les procédés et les déchets, dont les émissions réunies n’atteignent que 18% des émissions brutes tunisiennes, le secteur des déchets étant le plus faible contributeur aux émissions nationales brutes (6,5%).

Répartition des émissions brutes de GES directs de la Tunisie par source en 2012 (%)

Les émissions nettes de gaz directs de la Tunisie ont atteint 32,6 millions de téCO2 en 2012.  Ces émissions sont dominées par le secteur de l’énergie, qui est le plus grand contributeur aux émissions nettes de GES, avec 27 millions téCO2.  Les procédés industriels émettent, quant à eux, 5,4 millions téCO2 ; venant ainsi en deuxième position après l’énergie.  Avec 3 millions téCO2, les déchets viennent en 3ème position.

Synthèse des émissions nettes des GES directs de la Tunisie en 2012 (téCO2)

 Net CO2CH4N2OHFCsSF6TOTAL
1 - Energie25172,31616,6234,227023,1
1 - A Combustion23857,8804,8229,724892,3
1 - B Fugitives1314,6811,94,42130,8
2 - Procédés industriels et utilisation des produits4810,20,0278,7343,78,45441,0
3 - Agriculture, Forêt, et Autres Affectations des Terres-7459,72636,21945,1-2878,4
4 - Déchets 17,02892,2109,23018,4
TOTAL 22539,87145,02567,2343,732604,1

Le secteur AFAT (Agriculture, Forêt et Autres utilisations des Terres) est, quant à lui, absorbeur net de GES, avec un bilan net de -2,9 millions de téCO2, grâce aux importantes capacités d’absorption du secteur (-7,4 millions téCO2), lesquelles compensent largement les émissions du secteur (4,6 millions téCO2).

Les résultats de l’inventaire en termes d’émissions nettes, se singularisent par la forte domination du CO2 (69%, Figure 12) dont les émissions ont atteint 22,5 millions de tonnes.

Avec 7,1 millions de téCO2 ; soit environ 22% des émissions tunisiennes nettes de GES, le CH4 vient en seconde position ; suivi du N2O (2,6 millions de téCO2 ; soit environ 8% des émissions nationales), et HFCs (343,7 milliers de téCO2 ; soit 1% des émissions nationales).  Les émissions de SF6 restent, quant à elles, insignifiantes.

Répartition des émissions nettes de GES directs par type de gaz de la Tunisie en 2012 (%)

Résultats de l’inventaire de 2012 désagrégés par source

Les émissions agrégées (en termes d’éCO2) du secteur de l’énergie restent dominées par le CO2 (93%), suivi de très loin par le CH4 (6%). Le N2O, reste, quant à lui, toujours une source mineure d’émissions du secteur de l’énergie.

Répartition des émissions du secteur de l’énergie par gaz en 2012 (%)

En tenant compte de toutes les sources énergétiques d’émissions, y compris fugitives, ce sont les industries énergétiques qui dominent le bilan des émissions en équivalent CO2, avec près de 37% des émissions.

Le secteur des transports vient en deuxième position, mais loin derrière avec environ 24%. Avec 17% des émissions du secteur de l’énergie, les industries manufacturières devancent légèrement l’ensemble des autres secteurs (Résidentiel, tertiaire et agriculture et pêche), qui contribuent pour 14,1% des émissions de GES du secteur de l’énergie.  Les émissions fugitives viennent en dernière position, avec à peine 8% des émissions du secteur de l’énergie.

Répartition des émissions de GES imputables à l’énergie par secteur émetteur en 2012 (%)

Les émissions des procédés industriels sont dominées par les émissions des industries minérales ; avec près de 4,7 millions de téCO2 ; représentant 86% des émissions dues aux procédés :

  • Les cimenteries (70,5% des émissions liées aux procédés), ont produit 6,8 millions de tonnes de clinker en 2012, engendrant ainsi plus de 3,8 millions de tonnes de CO2, hors énergie.
  • L’industrie des céramiques (15% des émissions liées aux procédés); qui est largement dominée par les briqueteries, et qui est à l’origine d’environ 820 kt d’émissions de CO2 en 2012.
  • Avec des émissions s’élevant à 343,7 ktéCO2 ; soit 6,3% des émissions dues aux procédés en 2012, l’usage des gaz fluorés (essentiellement les HFCs dans l’industrie du froid), se place au deuxième rang des sources émettrice de gaz par les procédés, après le CO2 (détail par gaz dans l’encadré).
  • La chimie, et plus précisément la production d’acide nitrique qui génère des émissions de N2O, arrive en troisième position ; avec 279 ktéCO2 ; soit 5% des émissions dues aux procédés.

L’ensemble de ces secteurs représente 97% du total des émissions imputables aux procédés. Le solde des émissions dues aux procédés se répartit entre les usages non énergétiques de produits (solvants, huiles, etc.) et la production d’acier.

Émissions de GES des procédés industriels par branche industrielle en 2012

 CO2N2OHFCsSF6NOxCOCOVNMSO2TOTAL
Total des émissions (kt unités originales)4810,20,94343,7 (*)0,0370,430,4427,637,9
2.A. Industries minérales4674,2------
2.B. Industries chimiques0,94--0,41--37,94
2.C. Industries métalliques22,30,020,440,010,01
2.D. Usages non énergétiques de combustibles et solvants113,727,5-
2.E. Industries électroniques
2.F. Gaz fluorés utilisés en tant que substituts des substances destructrices de la couche d’ozone--343,7-----
2.G. Autres productions et utilisations de produits---0,037----
2.H. Autres---------
Total des émissions (ktéCO2)4810,2278,7343,78,44----5441,0

Avec 6,6 millions de tonnes de CO2 (18% des émissions nationales de CO2), le secteur AFAT est le second secteur émetteur de CO2, après l’énergie.  Le secteur AFAT représente aussi la première source émettrice de CH4 (37% des émissions nationales de CH4) et de N2O (76% des émissions nationales de N2O).

Émissions de GES dues au secteur AFAT en Tunisie (2012)

 Emissions
brutes (kt)
Part de l’AFAT dans les émissions NATIONALES du gazEmissions brutes
(ktéCO2)
Absorptions
(kt)
Emissions nettes
(kt)
Emissions nettes
(ktéCO2)
CO26568,218%6568,2-14027,9-7459,7-7459,7
CH4105,434%2636,2 105,42636,2
N2O6,576%1945,36,51945,3
NOx0,60,7%
CO19,96,8%
COVNM--
TOTAL11149,5-2878,7

Exprimées en téCO2, le secteur AFAT fait apparaître un bilan d’émissions de GES directs plus de 11 millions de téCO2 ; soit le ¼ des émissions nationales brutes de GES. 

Les émissions agrégées de GES directs du secteur AFAT restent dominées par le CO2 (59%), suivi par le CH4 (24%), puis les N2O (17%).

Répartition des émissions du secteur AFAT par gaz en 2012 (%)

L’AFAT est aussi le seul secteur jouant le rôle de puits de carbone.  Ainsi, ses émissions de CO2 sont largement compensées par l’absorption de 14 millions de tonnes de CO2 ; d’où un bilan net d’absorption de 7,4 millions de tonnes de CO2.

En agrégeant toutes les émissions/absorptions de GES directs, le secteur AFAT montre un bilan net d’absorption de 2,9 millions de téCO2.

Le bilan des émissions brutes du secteur AFAT mettent en valeur le poids de l’utilisation du bois (essentiellement le bois-énergie), avec presque le 1/3 des émissions brutes du secteur.  Viennent ensuite, l’utilisation des terres (essentiellement les pertes de carbone sur les parcours) et l’élevage en seconde position, quasiment ex-aquo, avec 26% pour chacun d’eux, puis enfin les autres sources (principalement l’utilisation des engrais), avec 16%.

Structure des émissions brutes de GES dues au secteur AFAT par catégorie en 2012 (%)

Le secteur des déchets fait apparaître un bilan d’émissions atteignant 3 millions de téCO2.  C’est donc le dernier secteur émetteur de GES en Tunisie, représentant 6,3% des émissions brutes en 2012.

Avec 115.700 tonnes de méthane émis dans l’atmosphère en 2012, le traitement des déchets représente la première source d’émission de CH4 (40% des émissions nationales), juste devant l’AFOLU.

En 2012, la gestion des déchets reste une source mineure d’émission de N2O (3,9% des émissions nationales), de COVNM (3,6% des émissions nationales), de NOx (2,4% des émissions nationales) et de SO2 (1,5% des émissions nationales). Les émissions de CO2 et CO sont, quant à elles, très négligeables.

Émissions de GES dues aux déchets par source en 2012


Les émissions du secteur déchets proviennent à plus de 2/3 du stockage des déchets solides, et à 27% du traitement des eaux usées. Les autres sources contribuent de façon peu significative aux émissions du secteur, soit à peine 5%.

Répartition des émissions dues aux déchets par source en 2012 (%)

En vue d’appuyer la mise en place d’un système pérenne d’inventaire des GES, la Tunisie a procédé en 2012 à l’élaboration de guides méthodologiques pour la réalisation des inventaires adaptés au contexte national.

Plus précisément, les guides permettant aux équipes chargées de la réalisation de l’inventaire de GES d’avoir une référence technique unique (approches, méthodologies, et hypothèses), se conformant aux critères de traçabilité et transparence, d’exhaustivité, de cohérence, et d’exactitude.

Les guides ne vise pas à remplacer le document du GIEC 2006 ; qui est très complet et couvre la majorité des cas de figure auxquels tout pays serait confronté. L’objectif de ces guides est de guider de manière simple, succincte et directe les personnes chargées de la réalisation de l’inventaire des GES en Tunisie, leur permettant d’aller directement aux aspects pratiques d’inventaire applicables aux spécificités du cas tunisien.

Pour plus d’information, prière de télécharger les guides: