Évolution du climat et projections climatiques en Tunisie

Dernière modification: 31 mai 2022

Les changements climatiques en Tunisie se traduiront par une forte augmentation de la température, une diminution des précipitations, l’élévation du niveau de la mer, ainsi qu’une augmentation en fréquence et en intensité, des phénomènes climatiques extrêmes.

Toutes ces modifications climatiques ont des impacts directs sur les systèmes naturels (stress hydrique, désertification, perte de biodiversité, …) et humains (érosion des côtes et infrastructures touristiques, pertes de rendements agricoles, …).

Les modèles prévoient une augmentation de la température moyenne annuelle sur l’ensemble du territoire tunisien variant entre 1.6°C (RCP 4.5) et 1.9°C (RCP 8.5) à l’horizon 2050, soit une augmentation entre 8% et 10% par rapport à la période de référence 1981-2010.

Ces projections mettent en exergue l’effet modérateur de la mer sur la répartition spatiale des températures se traduisant par un réchauffement moins rapide de la frange littorale tunisienne par rapport aux régions continentales.

Selon le scénario RCP 8.5, le réchauffement des régions côtières serait compris entre 1,5 et 2 °C à l’horizon 2050. En revanche, il se situerait entre 2 et 2,5 °C à l’horizon 2050 pour les régions continentales. L’étage saharien serait le plus fortement affecté par cette hausse des températures moyenne annuelles (pouvant atteindre 4.7°C en 2100 selon le RCP 8.5). Au niveau saisonnier, cette augmentation sera plus marquée durant l’été.

Zones bioclimatiques de la Tunisie (source: Institut National de la météorologie (2020)

Les modèles prévoient une réduction des précipitations sur la Tunisie variant entre (- 14 mm/an, RCP 4.5) et (- 22 mm/an, RCP 8.5) à l’horizon 2050, soit entre 6% et 9% de la valeur moyenne sur l’ensemble du territoire tunisien, par rapport à la période de référence 1981-2010.

Cette tendance à la baisse des cumuls annuels de précipitation présente une grande variabilité spatiale se traduisant notamment par un gradient Nord-Sud.

Selon le RCP 8.5, cette diminution concernera principalement les étages bioclimatiques humides et subhumides du Nord de la Dorsale tunisienne, allant de (- 20) à (- 60 mm/an). En revanche, les autres étages bioclimatiques au Centre et au Sud, présentent une tendance disparate du cumul moyen annuel des précipitations entre (- 20 mm/an) et (+ 20 mm/an).

Cette baisse s’accompagnerait d’une augmentation de la fréquence et de l’intensité des phénomènes extrêmes de sécheresse et d’inondations ainsi que par une perturbation de la répartition saisonnière des précipitations.

A l’échelle de la méditerranée, les enregistrements disponibles et publiés par l’INSTM, montrent que le niveau de la mer a augmenté entre 1993 et 2005 à un rythme moyen de 2 mm/an.

Pour la Tunisie, toutes les études réalisées sur l’Élévation accélérée du Niveau de la Mer (EANM) se sont basées sur le scénario RCP8.5 du rapport GIEC de 2007. A l’horizon 2050, une augmentation moyenne du niveau de la mer de 30 à 50 cm est prévisible. Appuyées et complétées par quelques travaux de recherche récents, ces études estiment une élévation du niveau moyen de +1 m à l’horizon 2100. Dans ces conditions, le rythme annuel de retrait de la mer varierait selon la région de 20 cm à 135 cm par an, selon la nature des plages.

On observe une tendance à l’aridification de la Tunisie et une augmentation des phénomènes extrêmes à l’horizon 2050 par rapport à la période de référence 1981-2010.

Cette tendance se traduit tout d’abord par l’augmentation du nombre de jours maximum consécutifs secs variant entre + 9.3 jours/an selon le RCP 4.5, à + 17.1 jours/ an selon le RCP 8.5, soit une augmentation entre +11% et +19% à l’horizon 2050.

On observe également une augmentation des phénomènes caniculaires avec un nombre de jours de fortes chaleurs qui a tendance à augmenter à l’horizon 2050, variant de +32 jours (RCP 4.5) à +39 jours en (RCP 8.5) par rapport à la période de référence.

Enfin, à l’horizon 2050, est attendue une augmentation forte de l’évapotranspiration potentielle entre 40.5 mm et 50.8 mm, touchant davantage les étages bioclimatiques les plus arides. Cette tendance à l’augmentation du pouvoir évaporant renforce la tendance à l’assèchement du territoire déjà engendrée par la réduction du volume global des précipitations en Tunisie.

La Tunisie sera donc impactée par des phénomènes thermiques plus importants avec des sécheresses plus fréquentes, des jours de canicules plus importants et des extrêmes de précipitation qui auront tendance à augmenter sur une grande partie du territoire.

Pour plus de détails, veuillez consulter le portail climatique de l’INM