CDN actualisée de la Tunisie

Dernière modification: 31 mai 2022

Dans sa politique habituelle de développement, la Tunisie fournit déjà des efforts importants en matière d’atténuation des GES, et ceci dans tous les secteurs-clés engendrant des émissions de GES :

  • Elle mène une politique volontariste ininterrompue de maîtrise de l’énergie depuis le début des années 80 ; d’où une intensité énergétique parmi les plus basses dans la région Moyen-Orient/Afrique du Nord,
  • Elle a entrepris d’importantes réalisations en matière de reboisement et de préservation des écosystèmes forestiers, ce que confirme le bilan d’absorbeur net de CO2 de l’ensemble du secteur AFAT dans les inventaires des GES successifs,
  • Elle a, depuis toujours, misé sur l’amélioration de la productivité de l’agriculture (y compris l’élevage) et optimisé l’utilisation des intrants,
  • Elle a systématisé la mise en place de décharges contrôlées, et a lancé depuis 2006 des projets MDP de dégazage et de torchage des gaz sur les 8 principales décharges du pays.  Elle mise désormais, conformément aux préconisations du plan quinquennal 2016-2020 entérinées par le plan quinquennal 2021-2025, sur la maximisation du tri à la source et du recyclage, ainsi que sur la valorisation des déchets,
  • Elle a ratifié l’amendement de Kigali, et à ce titre, a entamé la planification des activités transitoires permettant de réduire progressivement l’utilisation des HFC,
  • Elle a planifié le projet d’installation du destructeur catalytique du N2O dans son usine d’acide nitrique, avec l’appui du NACAG.

Ces nombreuses initiatives prouvent la détermination de la Tunisie à aller rapidement au-delà de la ligne de base déjà volontariste qu’elle a adoptée depuis plusieurs années, et à entamer une trajectoire vertueuse et ambitieuse d’atténuation des émissions de GES, nécessitant certes des appuis provenant de la Communauté internationale, mais s’appuyant aussi assez significativement sur ses ressources propres.

La figure suivante présente les trajectoires respectives des émissions de GES de la ligne de base, de l’effort national inconditionnel et du scénario bas-carbone de la CDN actualisée (considérant des soutiens internationaux substantiels).

Trajectoires des émissions de GES selon les scénarios de la ligne de base, de l’effort inconditionnel et de la CDN

Grâce au déploiement de ces efforts supplémentaires, les émissions tunisiennes nettes se situeraient à 31 millions de téCO2 à l’horizon 2030 (incluant efforts conditionnels et inconditionnels) ; soit une baisse de presque  38% par rapport au BaU.

Par ailleurs, les émissions nettes -en termes absolus- du scénario bas-carbone la CDN actualisée s’établiraient à l’horizon 2030 à 33% en dessous du niveau des émissions nettes du scénario bas carbone de la première CDN.  Mieux encore, elles seraient largement (-11%) en dessous des niveaux d’émissions de 2010. 

Le tableau suivant présente les émissions de GES selon les trois scénarios aux horizons 2025 et 2030.

Emissions de GES –Sources couvertes exhaustivement- selon les trois scénarios aux horizons 2020, 2025 et 2030

 2010202020252030
Emissions ligne de base34,934,840,849,6
Emissions après efforts inconditionnels 34,934,838,040,8
Emissions incluant efforts conditionnels et inconditionnels34,934,834,531,0

Les émissions évitées cumulées par la CDN actualisée seraient d’environ 86 MteCO2 sur la période 2021-2030.

Le  tableau ci-dessous présente les réductions inconditionnelles et conditionnelles des émissions de GES, cumulées 2021-2030 ; et aux horizons 2025 et 2030. Ainsi, la contribution inconditionnelle de la Tunisie s’élèverait à presque 40 MtéCO2 ; soit 46% de l’impact GES total de la CND actualisée ; le restant (46 MtéCO2) découlant des actions conditionnelles ; soit 54% de l’effort total.

Réductions conditionnelles et inconditionnelles des émissions de GES

 20252030Cumul 2021-2030
Inconditionnelles2,98,839,8
Conditionnelles3,59,846,0
Total6,418,685,8

La baisse significative des émissions de GES jusqu’à l’horizon 2030 découle des politiques volontaristes de réduction des émissions de GES couvrant toutes les sources et secteurs d’émissions, d’une part, et de l’augmentation des capacités d’absorption par le secteur AFAT, d’autre part.

En termes cumulés sur la période 2021-2030, les réductions des émissions par rapport à la trajectoire BaU totaliseront 85,8 MtéCO2.  Ces réductions d’émissions proviendraient de manière dominante du secteur de l’énergie (73%), suivi de l’AFAT (presque 11%), et des procédés (environ 10%).  Le reste des résultats d’atténuation (6%) découle de la politique bas-carbone du secteur des déchets.

Répartition sectorielle des réductions cumulées (2021-2030) des émissions de GES découlant de la mise en œuvre du scénario bas-carbone actualisé

Le scénario BaC induit une progression à la baisse des émissions nationales nettes de GES, qui passent de 35 MtéCO2 en 2020 à 31 MtéCO2 en 2030 ; soit une baisse de 11%% en 10 ans.

Les émissions brutes, elles, sont quasiment stationnaires à 48 MtéCO2.

Trajectoires nationale et sectorielles des émissions/absorptions du scénario BaC

La Tunisie se propose d’adopter comme indicateur de référence de sa CDN actualisée l’intensité  carbone nationale , exprimée en téCO2/1000 dinars de PIB, qui est le rapport entre les émissions nettes de gaz à effet de serre (exprimées en tonnes-équivalent CO2) et le PIB (exprimé dans la présente CDN à prix constants 2010).  

L’objectif de la Tunisie en matière d’atténuation est de baisser de 45% son intensité carbone en 2030 par rapport à celle de 2010.  Il s’agit d’un relèvement de l’ambition puisque la première CDN de la Tunisie préconisait une baisse de son intensité carbone de 41% entre 2010 et 2030.

Evolution de l’intensité carbone selon le scénario BaC

Le graphique suivant représente la trajectoire de la contribution conditionnelle et inconditionnelle de la Tunisie sur la période 2021-2030 :

Evolution de l’intensité carbone inconditionnelle et conditionnelle de la Tunisie

Le scénario bas carbone du secteur de l’énergie s’inscrit dans une dynamique de renforcement de la transition énergétique pour relever l’ambition climatique et accélérer la décarbonation de l’économie Tunisienne.

Ce scénario basé sur une réduction significative de l’intensité énergétique et du contenu carbone du Mix énergétique conduit à une forte baisse de l’intensité carbone en 2030. Le scénario bas carbone s’appuie sur l’intensification des efforts dans les domaines de l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables dans tous les secteurs

Le plan d’atténuation envisage d’abord l’accélération de la mise en œuvre d’une trentaine de programmes d’EE dans les différents secteurs de l’industrie, du bâtiment et des transports. La Tunisie envisage également à renforcer la mise en œuvre de son Plan Solaire Tunisien, avec une multiplication par un facteur de 10 de la capacité d’ER installée en 2030 par rapport à celle de 2020, soit 3800 MW.

Evolution de la puissance ER installée selon le scénario BaC (en MW)

En ce qui concerne le solaire thermique, la Tunisie compte porter le parc installé en 2030 à 1,5 millions m²; soit un quasi doublement par rapport au parc opérationnel estimé en 2020.

La mise en œuvre de ces mesures permettra d’atteindre les objectifs suivants :

  • Une baisse annuelle moyenne de l’intensité d’énergie primaire de -3.6% entre 2020 et 2030
  • Une part des énergies renouvelables dans la consommation d’énergie primaire de la Tunisie de 12% en 2030
Evolution annuelle moyenne de l’intensité d’énergie primaire entre 2020 et 2030 selon le scénario BaC

Evolution de la part des énergies renouvelables dans la consommation d’énergie primaire selon le scénario BaC

Grâce au scénario BaC, les émissions du secteur de l’énergie seraient 34% inférieures à celles du scénario BaU, totalisant moins de 27 MtéCO2 à l’horizon 2030 (Figure 19), ce qui représenterait une baisse de 9% par rapport à 2010 et une baisse annuelle moyenne de 0 ,5% sur toute la période 2010-2030. 

Trajectoires des émissions de GES du secteur de
l’énergie selon les scénarios BaU et bas-carbone

Grâce à de tels résultats d’atténuation des GES induite par la politique de transition énergétique préconisée par l’Etat, le secteur de l’énergie réduirait son intensité carbone en 2030 de 44% par rapport à l’année 2010, soit une baisse annuelle moyenne de 4,7%.

La contribution inconditionnelle du secteur de l’énergie correspond à une baisse de l’intensité carbone de 28 % par rapport à celle de l’année de  2010 ( soit environ 2/3 de l’objectif du secteur).

Trajectoire de baisse de l’intensité carbone dans le secteur de l’énergie

Evolution  de l’intensité carbone du secteur de l’énergie entre 2020 et 2030

Ces émissions enregistreraient une hausse de 2,1 MtéCO2 en 2030, soit +41% par rapport aux émissions de 2010.  Cette hausse des émissions du secteur bénéficie s’explique par l’importance du secteur du ciment dans les émissions des procédés, et du faible potentiel qu’il présente, étant donné la lenteur des mesures de réduction du ratio clinker/ciment.

Trajectoire BaC des émissions de GES du secteur
des procédés industriels d’ici 2030

Comme pour les autres secteurs, l’estimation des émissions évitables est calculée sur la base de la différence entre les émissions du BaU et les émissions du BaC.

Trajectoires BaU et BaC du secteur des procédés industriels

On notera aussi l’importance de l’impact des programmes sur les HFC (56% du potentiel total du secteur des procédés).  Par ailleurs, sur le reste, 29% proviennent des programmes sur les HFC, et à 15% du secteur ciment.

Sur la période 2021-2030, le scénario BaC cumulerait 8,4 MtéCO2 d’émissions évitées ; dont 55% découleraient des actions sur les HFC, 31% des actions sur le N2O, et le reste proviendrait des efforts –principalement à base réglementaire- consentis par le secteur cimentier .

Par ailleurs, ces résultats seraient atteints à hauteur de 43% sur la base d’efforts nationaux inconditionnels, et à 57% grâce à des appuis internationaux requis à cet effet.



Le scénario BaC pour la CDN actualisée induit une trajectoire reflétant –clairement l’importance des mesures projetées.  Les Trajectoires BaC des émissions/absorptions du secteur
AFAT par source, présentant des trajectoires assez serrées (avec des valeurs allant de 1,3 à 3,5 MtéCO2 en 2030) pour les trois premières sources d’émissions en 2030 (Elevage, autres sources non-CO2, biomasse énergie. L’utilisation des terres, elle, suit une trajectoire baissière nette, passant de -10,5 MtéCO2 en 2010 à -14,4 MtéCO2 en 2030.

Trajectoires BaC des émissions/absorptions du secteur AFAT par source (ktéCO2)

On notera que le niveau des émissions passerait d’environ 11 MtéCO2 en 2021 à 10,3 MtéCO2 ; soit une baisse d’environ 8%.  En revanche, l’absorption passerait de -13,4 MtéCO2 en 2021 à -17,1 MtéCO2 en 2030 ; soit une hausse d’environ 4 MtéCO2 ; représentant plus de 27% d’absorptions additionnelles entre les deux dates.  La combinaison de la baisse des émissions et de la hausse accélérée des absorptions conduit à une augmentation très significative des absorptions nettes, qui passeraient de -2,3 MtéCO2 à -6,8 MtéCO2, soit une hausse d’un facteur 3 des absorptions nettes entre 2020 et 2030.

Trajectoires BaC des émissions brutes et des absorptions du secteur AFAT

On notera le triplement du bilan d’absorbeur net du secteur de l’AFAT ; passant de -2,3 MtéCO2 en 2021 à -6,8 MtéCO2 pour l’année 2030, du fait de la politique bas-carbone du secteur de l’AFAT. Ce qui totalise 11 MtéCO2 sur toute la période.

Trajectoire BaC des émissions de GES du secteur AFAT d’ici 2030

Les émissions du secteur des déchets enregistreraient une relative stabilité à 4 MtéCO2 en 2030.  Cette stabilité dot être croisée avec le BaU, qui enregistre lui une hausse à 5,2 MtéCO2 en 2030. .

Trajectoire BaC des émissions de GES du secteur des déchets d’ici 2030


Comme pour les autres secteurs, l’estimation des émissions évitables est calculée sur la base de la différence entre les émissions du BaU et les émissions du BaC.  Cette différence s’élève à 1,2 MtéCO2 en 2030, et à 5,5 MtéCO2 en termes cumulés (2021-2030).

Trajectoires BaU et BaC du secteur des déchets