Projet accélération de la mise en œuvre de la CDN en Tunisie

Dernière modification: 26 avril 2022

La Tunisie a considéré depuis longtemps la lutte contre les changements climatiques et la préservation de l’environnement comme des piliers du développement durable.

Cette volonté politique a été confirmée, depuis septembre 2015, par (i) son engagement envers l’agenda 2030 et l’adoption des objectifs de développement durable (ODD) et leur lancement officiel au niveau national le 2 Décembre 2016 ; (ii) la soumission au Secrétariat de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) de sa Contribution Déterminée au niveau National (CDN) pour contenir le réchauffement global de la planète à moins de 2°C à la fin de ce siècle, (iii) la ratification de l’Accord de Paris et (iv) l’intégration du développement à bas carbone et résilient aux impacts des changements climatiques dans le Plan National de Développement (2016-2020), adopté en Avril 2017 par l’Assemblée des représentants du peuple.

De plus, pour mettre en œuvre les programmes et projets inscrits dans la CDN, le Ministère des Affaires Locales et de l’Environnement, en concertation avec les différentes parties prenantes (institutions publiques, secteur privé, institutions de recherche et société civile) et avec l’appui du Programme des Nations Unies pour le Développement a adopté en septembre 2019, une feuille de route pour la mise en œuvre de la CDN qui dresse l’état de mise en œuvre de la NDC, identifie les contraintes entravant la concrétisation des différents programmes d’atténuation et d’adaptation et fait état de recommandations qui permettront de surmonter les difficultés identifiées et se placer sur la trajectoire de la NDC.

En ligne avec les priorités nationales et mondiales dans le domaine des changements climatiques (Agenda 2030, accord de Paris, etc), le présent programme d’ « Accélération de la mise en œuvre de la NDC de Tunisie » est développé pour présenter un cadre d’appui cohérent, évolutif et transversal sur une durée de 5 ans, afin d’accélérer la mise en œuvre de la NDC tunisienne en accroissant la capacité d’adaptation aux effets négatifs des changements climatiques et en rendant les flux financiers compatibles avec la voie de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) et un développement résilient aux changements climatiques.

Le programme s’articule autour de 5 résultats répondant à la vision nationale en matière de climat et entend apporter un appui au gouvernement tunisien pour accroitre son ambition sur la base de la transparence et renforcer sa gouvernance climatique, mobiliser la finance climat et les investissements privés nationaux et internationaux au profit d’un développement résilient et durable et renforcer des capacités des acteurs publics et privés sur les divers aspects de l’atténuation et de l’adaptation tout en assurant un transfert technologique pour l’efficacité et la durabilité de l’action climatique.

L’objectif attendu  du programme  est d’accélérer la mise en œuvre de la CDN de la Tunisie afin que la gouvernance climatique au niveau national et au niveau sectoriel ainsi que l’engagement de toutes les parties prenantes pour la mise en œuvre de la CDN soit améliorée, que les capacités des acteurs et des secteurs soient renforcées pour assurer l’opérationnalisation de la feuille de route CDN actualisée, que les investissements publics et privés soient mobilisés dans les secteurs concernés par la mise en place d’un environnement propice et que l’engagement de la Tunisie en matière de climat soit promu au niveau national et international.

Le programme s’articule autour de 5 résultats définis comme suit :

La mise à jour de la CDN représente pour la Tunisie une opportunité qui permettra de donner une nouvelle impulsion à ses politiques et mesures de lutte contre les changements climatiques, et pour tenir ses engagements internationaux et transformer progressivement son économie sur la voie d’un développement sobre en carbone et résilient aux impacts négatifs des changements climatiques.

Le processus d’actualisation de la première CDN est également une opportunité pour améliorer la clarté, la compréhension et la transparence des engagements de la Tunisie, en prenant davantage en compte non seulement les attentes des parties prenantes mais également la dimension du genre dans l’action climatique, comme le prévoit les décisions de la Conférence des Parties à l’Accord de Paris.

Le processus de mise à jour de la première CDN a été amorcé par l’élaboration d’une feuille de route pour la mise en œuvre de la CDN, qui a été adoptée en 2019 en collaboration avec toutes les parties prenantes. Cette feuille de route fait état de diverses recommandations pour la mise en œuvre de la CDN et ce sur la base des barrières et obstacles identifiés lors des processus de concertation, ainsi que des recommandations à prendre en compte lors de la mise à jour de la feuille de route tel que stipulé par l’accord de Paris. En effet, l’une des recommandations concerne l’intégration des mesures de lutte contre la pauvreté énergétique dans le CND actualisée, car elle constitue un enjeu majeur en Tunisie. Cependant, aujourd’hui, il n’existe pas de politique claire en Tunisie pour traiter la question de la pauvreté énergétique et de ses impacts sur la réduction des dépenses énergétiques des ménages et l’amélioration de leur pouvoir d’achat. Des mesures, essentiellement curatives, existent de manière clairsemée dans la politique énergétique et la politique générale de lutte contre la pauvreté économique menée par les différents organes de l’Etat. Les mesures curatives comprennent la tarification sociale de l’énergie par un système de tarifs d’électricité et de gaz qui offre des prix fortement subventionnés aux petits consommateurs. Elle passe également par la subvention des produits pétroliers à caractère social, tels que le GPL et le pétrole lampant. Cependant, cette subvention sur les produits pétroliers n’est pas efficace en raison de la difficulté de cibler les ménages précaires et bénéficie donc principalement aux ménages riches. Dans ce cadre, l’élaboration d’une stratégie et une feuille de route pour soutenir le gouvernement tunisien dans la lutte contre la pauvreté énergétique et de prendre en considération la dimension sociale dans le CDN actualisée et la politique climatique en Tunisie.

Ainsi, Le processus d’actualisation s’inscrit dans le prolongement de cette feuille de route, en suivant les différentes étapes qui permettent de mettre à jour la CDN en tenant compte des réalisations déjà faites depuis 2015 par la Tunisie. Les différentes étapes du processus d’actualisation de la CDN de la Tunisie sont comme suit :

La première étape consiste à dresser un bilan de ce qui a été réalisé en matière d’atténuation comme en matière d’adaptation par le pays. Cela permettra d’identifier les obstacles qui entravent l’atteinte des objectifs et de proposer des actions à entreprendre dans chaque secteur en vue de rattraper les retards accusés et d’accélérer la mise en œuvre des politiques et mesures sur le climat jusqu’en 2030, date qui correspond au calendrier de mise en œuvre de la CDN.

Au-delà de la quantification des résultats atteints, le bilan permettra de mieux identifier les leviers nécessaires pour permettre une adéquation entre le rehaussement du niveau d’ambition et les moyens de mise en œuvre à mobiliser pour atteindre les objectifs ambitieux qui sont fixés.

C’est aussi une opportunité pour identifier les insuffisances liées à la prise en considération des préoccupations sociales et comportementales des politiques climatiques et proposer les orientations stratégiques des actions à entreprendre pour accélérer davantage l’intégration du genre. Le bilan sera dressé sur la période 2021-2025 à travers une approche globale et une approche sectorielle. 

La deuxième étape consiste à revoir l’objectif d’atténuation sur la base de l’ambition climatique et les priorités en matière d’adaptation, à la lumière du bilan des réalisations et en tenant compte des attentes des parties prenantes qui sont consultées de manière élargie et répétée de manière à renforcer leur appropriation de la CDN qui sera mise à jour.

Deux scénarios différenciés sur la politique d’atténuation de chaque secteur seront retenus pour établir la projection des émissions de GES d’ici 2030 :

  • Un scénario tendanciel (ligne de base) qui s’appuie sur la poursuite des politiques sectorielles actuelles d’atténuation. Ce scénario sera élaboré en cohérence avec les travaux réalisés dans le cadre de la préparation de la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNCB) dans le secteur de l’énergie.
  • Un scénario bas carbone qui traduit la volonté de la Tunisie de rehausser l’ambition climatique par rapport à la première CDN. Ce scénario reflète la volonté du gouvernement tunisien d’investir massivement dans l’économie verte en cohérence avec la vision climatique retenue dans la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNCB) dans le secteur de l’énergie. Pour chaque source d’émission, il s’agit d’explorer les possibilités de renforcer les objectifs d’atténuation pour tous les secteurs de l’activité économique.

L’évaluation des besoins de financement couvrent les coûts d’investissement, le transfert technologique et le renforcement des capacités des programmes relatifs aux politiques et mesures prévues durant la période de mise en œuvre de la CDN 2021-2030. Les besoins de financement seront évalués annuellement par secteur en millions de $. Le coût total de financement de la mise en œuvre de la CDN sera réparti entre l’effort national et l’appui international.

Sur la période 2021-2025, une feuille de route actualisée sera établie en tenant compte d’un objectif annuel d’atténuation et des objectifs sectoriels fixés pour atteindre l’objectif national d’atténuation, des objectifs en matière d’adaptation, d’une programmation annuelle des investissements au niveau national et sectoriel, et de proposition des réformes et d’actions nécessaires à la mise en œuvre de la CDN actualisée (dispositifs réglementaires, incitations financières, arrangement institutionnel, indicateurs de suivi, un plan d’action favorisant l’intégration de la dimension genre …etc.).

Le processus d’actualisation de la première CDN sera organisé autour des deux volets de la lutte contre les changements climatiques, l’atténuation et l’adaptation. La même démarche sera entreprise pour chacun de ces volets (bilan, révision et évaluation des besoins), en respectant les mêmes exigences de de participation et de gouvernance, avec le même souci de respecter les décisions de mise en œuvre de l’Accord de Paris telles que fixées dans le Livre des Règles adoptés en 2018 à la COP 24 (Rulebook). Les résultats des différentes étapes du processus de chaque volet de la CDN (atténuation/adaptation) seront consolidés dans un seul document qui devra être communiqué, après validation politique, au secrétariat de la CCNUCC agissant pour l’Accord de Paris

L’objectif de ce résultat est de renforcer les capacités nationales afin de promouvoir l’inclusion des objectifs du CDN dans le processus de planification du développement. Cela implique le développement et la mise en œuvre d’un programme de renforcement des capacités ciblant les diverses parties prenantes (planificateurs sectoriels, représentants du peuple, représentants des organisations civiles, secteur privé etc..) sur les approches et les méthodologies qui favorisent l’intégration des objectifs de la CND ainsi que l’intégration de la dimension de genre dans les plans de développement sectoriels. Le programme de renforcement de capacité vise également à renforcer les connaissances des parties prenantes sur les méthodologies d’identification des besoins, des collectes des données et les mesures de suivi des progrès. 

Ce résultat permettra aussi de fournir une assistance technique à au moins un secteur clé pour élaborer un plan d’action qui aidera à l’intégration des objectifs de la CND et des questions de genre dans la planification du développement sectoriel et le suivi des progrès. Les activités prévues pour l’atteinte de ce résultat seront menées en synergie avec d’autres initiatives qui visent le renforcement des capacités en rapport avec les priorités de la CND. Par exemple, le projet NAMA pour le Plan Solaire Tunisien avec le PNUD, l’initiative PMR avec la BM et le PNUD sur les instruments de tarification carbone, le projet de soutien à l’atténuation avec la GIZ, l’initiative de soutien aux CDN menée par l’AFD, etc.

A travers l’article 13, l’accord de Paris a instauré un cadre de transparence renforcée (CTR) pour mesurer régulièrement les progrès accomplis par les pays, rehausser l’ambition climatique et suivre rigoureusement les politiques publiques climatiques. Lors de la COP 24, la CCNUCC a adopté les règles et procédures de mise en œuvre de l’accord de Paris rassemblées dans le « Paris Rulebook ». Pour la Tunisie, l’application du Rulebook au niveau du renforcement de la transparence se traduit par un appui au renforcement des capacités particulièrement pour mettre en place les outils méthodologiques permettant de mesurer les avancées réalisées dans la mise en œuvre de la CDN aux niveaux national et sectoriel. Ce suivi sera rapporté de manière régulière dans le cadre du BTR (Biennal Transparency Report) qui viendra remplacer le BUR d’ici 2024.

Ce résultat vise à mettre en place les conditions propices permettant la mise à jour de la première CDN conformément aux décisions adoptées par la COP 24 (Rulebook) notamment au niveau de la fixation d’un objectif ambitieux, le choix de l’année de base, la portée de la CDN et l’évaluation des impacts des co-bénéfices. Il s’agit aussi de renforcer les capacités des parties prenantes permettant le suivi de la mise en œuvre de la première CDN actualisée, d’élaborer le premier BTR (2024) et de préparer la nouvelle CDN (2025)

Ce résultat vise le développement de plans d’investissement par sous-secteur selon les priorités du plan de développement 2021-2025, basés sur l’analyse de marché, l’évaluation des capacités de mise en œuvre des parties prenantes et sur l’évaluation des opportunités de financement. Cela devrait être mené en consultation avec les acteurs au niveau des sous-secteurs. Ce résultat entend également le renforcement des capacités des principales parties prenantes pour la mise en œuvre des plans d’investissement tels que le secteur privé, le secteur bancaire, le secteur de l’énergie, etc. Cela pourrait inclure, entre autres, l’évaluation des risques, la finance climat, les techniques de financement de projets, les mécanismes financiers innovants tels que les obligations vertes (Green Bonds), financement mezzanine.

De même, ce résultat entend appuyer l’élaboration d’un portefeuille prioritaire de projets d’investissement du secteur privé sur l’atténuation dans les secteurs de l’énergie et des procédés industriels, sur la base d’un processus de concertation avec des institutions financières nationales et internationales, des promoteurs privés et des PMEs.

Ce résultat vise à renforcer les capacités nationales en matière de modélisation dans le secteur de l’énergie et ses sous-secteurs afin de simuler les émissions de GES à long terme et évaluer les impacts macroéconomiques d’un objectif ambitieux d’atténuation.  

En matière d’adaptation, il s’agit d’acquérir les modèles permettant d’évaluer les impacts néfastes des changements climatiques sur la croissance économique et les secteurs prioritaires de développement et de mesurer les coûts bénéfices des politiques et des stratégies en lien avec un MRV adaptation à mettre en place.

Le travail de modélisation aboutira à une meilleure planification dans les secteurs clés de l’atténuation et l’adaptation, à travers, l’élaboration des feuilles de routes sectoriels, intégrant les principaux objectifs long termes (2030, 2040 et 2050), en vue de réduire les émissions et améliorer la résilience des secteurs économiques et des ressources et écosystèmes naturels.

Total ressources nécessaires :4 804 795US$
Total ressources mobilisées  Gouvernement tunisien200 876US$
BMZ886 617US$
BMUB1 080 000US$
PNUD17 600US$
Total2 185 093 US$
Ressources à mobiliser  2 619 702 US$

Date de démarrage :   Janvier 2021           Date d’achèvement :   Décembre 2025

Entité de mise en œuvre :

  • Ministère de l’Environnement à travers l’UGPO-CC,
  • Agence Nationale de Maitrise de l’énergie (ANME),

Acteurs Clés :

Tous les acteurs clés dans l’adaptation au changement climatique :

  • Ministères,
  • Etablissements publics,
  • Société civile,
  • Secteur privé